Texte de Jean Miotte
Peindre c’est tout d’abord donner une image de son âme, s’avouer tel qu’on est.
Non pas tel qu’on voudrait choisir de se faire voir. Cet aveu s’inscrit en dépit de toute volonté puisqu’avant tout peindre c’est exprimer la vie, la sienne propre.
Certains veulent donner au monde une image burlesque ou mystique,
c’est un choix du mental dans l’intention d’étonner le spectateur encore plus
de vouloir être moderne ou à la mode à tout prix. Loin de moi cette idée.
J’aime celui qui s’avoue tout en évoluant par rapport aux choses qui l’entourent
et qui le fascinent. Il est de cette manière en totale évolution depuis le jour
de sa naissance et, si il ne triche pas, jusqu’à sa mort. L’évolution, le parcours unique et sincère de l’artiste tel qu’il s’exprime. Dans ce sens il ne peut être qu’actuel donc moderne puisque le monde bouge chaque jour dans le sens
de ce qu’il ressent.
Je veux croire à l’oeuvre même, aux résultats d’une poétique, aux accents déchirants d’un être. Le combat réel est dans cette conscience de l’humanité
qui se transforme. Dans un mouvement qui perturbe les données. Ce siècle
est essentiellement romantique bien que ce ne soit pas le mouvement en soi
qui intéresse, mais plutôt cette tension du désir qu’il porte. Désir de sentir,
de vivre, de pénétrer tout, et surtout l’invisible.
Chaque toile est une somme et un quotient de cela. C’est pour cette raison
que l’art aujourd’hui ne peut être purement cérébral avec seulement une vue hypothétique du futur, mais il doit s’accomplir au jour le jour avec le rire
et l’exubérance espiègle des enfants. Résultat de conflits intérieurs, ma peinture est une projection ; une succession de moments aigus où la réalisation se fait
en pleine tension spirituelle.
La peinture n’est pas une spéculation de l’esprit ou de l’intellect,
elle est un geste qu’on porte en soi.
JEAN MIOTTE
